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Mon combat contre les banques
18 octobre 2007

Libération

Culture

Salades autour d’une nature morte

Arts. Une toile de Rachel Ruysch, vendue par Christie’s en 1987, serait un faux.

Vincent Noce

QUOTIDIEN : lundi 15 octobre 2007

Christian Millau,connu pour avoir été le fondateur du guide de restaurants, a acheté chez le galeriste De Jonckheere, à Bruxelles, pour 550 000 francs, en 1989, Nature morte avec pêches et raisins, signée Rachel Ruysch. Décrit «en excellent état», le tableau figure des fruits au bord de se décomposer, allégorie classique sur le thème de l’humilité. Rachel Ruysch, qui a prolongé cette tradition hollandaise au début du XVIIIe siècle, est une des rares femmes peintre de l’époque. Le marchand londonien Richard Green a payé plus de 350 000 euros pour un de ses tableaux il y a deux ans. Son record, aux enchères, s’établit à 700 000 euros.

En début d’année, Christian Millau demande à De Jonckheere de revendre sa toile, au prix convenu de 130 000 euros. Le galeriste la présente en mars à la foire internationale de Maastricht. Puis elle est proposée à Christie’s pour une vente à Londres début juillet. Mais, en mai, le tableau est retiré : Fred Meijer, de l’Institut de l’histoire de l’art du Rijksbureau d’Amsterdam, «ne croit pas que la peinture soit de Ruysch». La signature serait donc apocryphe. Répercutant cet avis, Paul Raison, de Christie’s Londres, souligne qu’il est incontournable. Désormais, la peinture est invendable. Contacté, l’expert de Christie’s n’a pas voulu commenter. Il est embarrassé, car la trace du tableau peut être retrouvée… chez Christie’s, où il a été vendu à de Jonckheere le 7 décembre 1987, à Monaco, comme œuvre de l’artiste, fort d’un certificat d’authenticité d’Ingvar Bergström, professeur à Göteborg, décédé il y a dix ans. Georges de Jonckheere souligne donc sa bonne foi. Il se dit du reste prêt à une indemnisation «en réactualisant le prix d’achat».

L’avocat de Christian Millau réclame 150 000 euros devant le tribunal, en tenant compte de la valeur de l’artiste sur le marché, et des dépenses élevées en frais d’assurance. Me Daniel Richard souligne que le galeriste a engagé sa responsabilité personnelle en signant lui-même le certificat d’authenticité délivré lors de la vente. Me Grégoire Triet, avocat de De Jonckheere, rétorque qu’il va demander «réparation de la mise en place publique de cette affaire, qui cause un préjudice d’image à une galerie réputée, victime d’une querelle d’experts comme il y en a tant dans la peinture ancienne».

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