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Mon combat contre les banques
28 juillet 2008

Le Parisien le 28/07/08

sg

Economie

PLACEMENTS.

Un gagnant du Loto accuse sa banque de l’avoir ruiné

Il avait gagné 900 000€ au Loto, placés en Bourse sur les conseils
de son banquier. Mal lui en a pris : notre homme
est aujourd’hui ruiné, et la Société générale lui réclame même 600 000€...

Olivier Aubry

HIVER 2001. Jacques* pense être le plus heureux des hommes. Salarié d’un petit commerce dans le sud de la France, ce père de famille vient de gagner la bagatelle de 900 000 € au Loto, un peu moins de six millions de francs. Peu au fait des affaires d’argent, le quadragénaire dépose son pactole à la Société générale.

Après tout, le slogan de la banque n’est-il pas : « On est là pour vous aider » ? En l’espace de quelques mois, son conseiller financier lui fait placer 780 000 € sur un plan d’épargne en actions (PEA), une assurance vie et des actions. Et lorsque son employeur met la clef sous la porte, à l’été 2002, Jacques se voit proposer une solution clé en main par son ami banquier : boursicoter.

Découvert de 100 000 €. Jacques, dont les liquidités s’élèvent encore à une centaine de milliers d’euros, ouvre un compte spécial à la Société générale afin de pouvoir librement jouer en Bourse sur Internet. En l’espace de trois ans, notre homme gagne ainsi près de 100 000 €. « J’avais l’impression que tout me réussissait et une entière confiance en mon directeur d’agence », se souvient-il aujourd’hui. Un directeur des plus compréhensifs : outre un découvert autorisé de 100 000 €, il accorde en mars 2005 un prêt immobilier de 200 000 € à son client, pourtant devenu, depuis son licenciement, chômeur sans revenus fixes.

1 million d’euros par mois. C’est alors que la machine va s’emballer. En cette année 2005, les mises de départ du boursicoteur augmentent considérablement, pour atteindre le million d’euros par mois… Des sommes placées non plus par lui-même, mais par le directeur de l’agence en personne. Sur la seule année 2006, ce ne sont pas moins de 10,6 millions d’euros qui sont ainsi joués en Bourse. Mais la chance a tourné : Jacques perd désormais beaucoup d’argent et son découvert se creuse jour après jour. Tout cela dure pourtant jusqu’en septembre 2007, date à laquelle le directeur de l’agence est muté.

Sommé de rembourser le découvert. Le nouveau directeur interdit à Jacques toute nouvelle transaction boursière et le met en demeure de régulariser sa situation. Donc de rembourser au plus vite un découvert de… 600 000 €. Faute de quoi, la banque menace de bloquer tous ses comptes, saisir ses actions, sa maison, son assurance vie… Affolé, Jacques prend un avocat pour le défendre. M e Daniel Richard s’indigne dans un courrier au banquier : « Pendant plusieurs années, votre établissement a laissé spéculer sur des montants très importants un chômeur très perturbé sur le plan psychologique, sans procéder à aucun appel de couverture ni mise en garde. »

Le client assigné par la Société générale. Mise sen cause, la Société générale décide de passer à la vitesse supérieure. Elle assigne en justice son client pour lui réclamer 600 000 € et prend parallèlement une hypothèque sur sa maison ainsi que sur ses comptes titres. En retour, Jacques vient d’attaquer la banque pour avoir « manqué à son devoir de conseil et d’information à son égard et avoir ainsi engagé sa responsabilité contractuelle ». Il lui demande 700 000 € à titre de dommages-intérêts. Contactée par notre journal, la Société générale se refuse à tout commentaire.
* Le prénom a été changé.

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